Je viens terminer cette étude sur les 85 cas d'exécutions pour mutilations volontaires. Le point le plus important et parfois le seul qui ait servi à condamner ces hommes c'est le rapport du médecin.
Il est évident que l’on peut remettre en question la capacité des médecins à attester qu’il s’agissait d’un tir à bout portant et donc d’une mutilation volontaire. Le doute et les examens contradictoires le prouvent et dans les faits le cas d’Arrio non exécuté mais condamné pour mutilation volontaire suite à l’attestation du médecin, en même temps que d’autres qui ont été exécutés, a été reconnu non coupable suite au retrait d’un morceau de projectile allemand de sa plaie.
C’est parfois le seul document signé du médecin qui a entrainé la peine capitale à la suite d’un examen que l’étude des dossiers de réhabilitation permet de remettre en question. Les médecins n’étaient pas formés et n’avaient pas l’habitude de ce genre de blessures ils ont donc conclu à une blessure par coup de feu tiré à bout portant à partir de données purement théoriques et très contestables comme le décrit le docteur Charles Paul le 31 janvier 1925.
N’oublions pas une chose, c’est qu’en début de guerre il y eu une recrudescence de blessures suspectes alors il fallait enrailler « l’épidémie ». Il y eut bien des présomptions de mutilations volontaires, comme en atteste ce médecin : « il a dû être présenté dans les hôpitaux de Verdun en septembre et octobre 1914 et même novembre de deux à trois cents soldats et gradés accusés de mutilation volontaire » mais rien ne prouve que ceux qui furent exécutés en faisaient partie, il fallait des exemples…