Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ce blog a pour but de présenter mes recherches sur la première guerre mondiale (guerre 14 18), ainsi que ma position concernant la réhabilitation des fusillés pour l'exemple et mon dernier livre sur le seul officier supérieur fusillé "Sauver mes hommes". Contact : viot-eric@orange.fr

EMILE LHERMENIER : fusillé pour l'exemple le 22 mai 1916 à Roucy (Aisne)

Un article consacré à Emile Lhermenier, soldat sarthois fusillé pour l'exemple le 22 mai 1916 à Roucy dans L'Aisne avec 4 autres camarades.

- Lhermenier Emile Frédéric
- Milhau Félix Louis
- Baleux Lucien
- Regourdt Paul Pierre

Ces 4 soldats du 96e RI sont tombés sous des balles françaises le 22 mai 1916, à Roucy, non loin de Pontavert. Le plus jeune avait tout juste 19 ans.

 

Les exécutions ont lieu tôt le matin, parfois trop tôt...
Voici l'histoire de l'exécution de 4 soldats du 96e RI qui a eu lieu à Roucy le 22 mai 1916; ils avaient été condamné par le tribunal de guerre de la 55e DI (2 des bataillons du 96e RI étaient alors "prêtés" à cette DI) pour avoir mené (?) un petit mouvement de révolte un mois plus tôt, alors que leur bataillon était de nouveau désigné pour remonter en ligne le soir même du jour où ils venaient d'être relevés. Le mouvement n'avait pas duré plus d'une heure...
Le peloton d'exécution était composé de soldats du 246e RI, mais les soldats du 96e RI assistaient également à l'exécution.  
On dispose d'une relation de cet évènement dans le livre "Emile et Léa", rédigé par Michel Mauny à partir de 1235 lettres et notes léguées par son grand-père incorporé dans ce régiment:  
 
Emile MAUNY, lettre du 23 mai 1916 (page 114/115)
« Il s’est passé hier une séance bien peu intéressante. 4 soldats du 96e ayant été condamnés à mort, les compagnies du 5e bataillon du 246e ont été chargées de fournir les 4 pelotons d’exécution. A ma compagnie, il fallait 5 soldats, 4 caporaux, 5 sergents. Par bonheur, je n’ai pas été désigné pour cette horrible besogne. Les camarades nous ont raconté la scène. C’était lugubre, poignant. Tous étaient hébétés d’avoir participé à cette exécution. Peut-être ces 4 malheureux avaient-ils mérité leur sort (je ne sais pas), mais on devrait bien trouver un autre moyen d’exécuter la loi au siècle où nous sommes. L’un d’eux avait paraît-il 18 à 19 ans. Il me semble que moi qui ai l’habitude de vivre avec les enfants et les jeunes gens, je serais devenu fou si on m’avait obligé à participer à ce drame. Je te raconterai ces choses que je n’ai pourtant pas vues mais qui ont hanté mon esprit toute la journée hier. »
 
Cité également par Michel Mauny :
« Paul Tuffrau, alors capitaine placé à la tête d’une compagnie de mitrailleuses du régiment d’Emile, rapporte qu’un homme a été frappé de folie à la suite de ce drame. Il se sentait compromis, ayant inclus dans une lettre à ses proches la phrase : « Au bout de vingt mois de campagne, il fallait que les chefs soient vraiment cruels pour mettre quatre de nos camarades au poteau ». obsédé par l’idée d’être lui-même fusillé, il sombra dans une démence suffisamment grave pour justifier son évacuation. »
 
M. MAUNY dispose d’un autre témoignage du capitaine TUFFRAU (246e):
" Concevreux, le 30 mai 1916.
….Dans les premiers jours de la semaine, il y a eu un matin quatre soldats du 96 fusillés près de ROUCY, par le 5ème bataillon de chez nous. La veille, on avait commandé de service une Companie, cantonnée à Concevreux pour 3 heures du matin ; on n’avait pas dit pourquoi, mais les hommes se doutaient, et des groupes nombreux discutaient. Je n’ai pas entendu la salve, mais j’ai su par BOURGEOIS et par GEOFFROY qu’on avait emmené les condamnés une heure trop tôt avant les troupes ; qu’un d’eux, un fort gaillard de dix-neuf ans, engagé pour la guerre, vitalité de taureau, hurlait d’une voie profonde et puissante : « me tuer, moi ? allons donc ! C’est impossible ! » BAYON dirigeait l’exécution ; il avait fait préparer quatre poteaux, apporter des cordes car il devinait qu’ils se débattraient ; cela a été vite fait, chacun ayant hâte d’en finir ; aussitôt attaché, les quatre pelotons ont fait en ligne face à gauche, visé, et sans même qu’il y ait eu commandement, le premier coup de feu a entraîné les autres.[...]"

Retour à l'accueil
Partager cette page
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :